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Paris Photo 2017

© Man Ray “Portemanteau, 1920, exposé par Bruce Silverstein

Cent cinquante galeries et trente et un éditeurs au rendez-vous de la 21ème édition de Paris Photo, parrainée par Karl Lagersfeld – Grand-Palais, Paris.

Ce rendez-vous international mêle les nouveautés du secteur photographique aux séries vintage, les géographies de tous les continents, les formats, techniques et réflexions. C’est un marché, des prix circulent, des alliances et projets se forment. Un Comité réuni autour de Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo et de Christophe Wiesner directeur artistique a sélectionné les exposants : plus de cent cinquante galeries et trente et un éditeurs de tous les pays, dont les trois-quarts viennent d’Europe – 31% de France, 14% d’Allemagne et 6% du Royaume-Uni – 17% des Etats-Unis, une poignée de galeries d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique du Sud. 40% d’entre elles sont exclusivement dédiées à la photographie, 60% sont des galeries généralistes. La photo documentaire est largement représentée : « Beaucoup d’artistes se sont inspirés du processus documentaire ou pseudo-documentaire pour l’intégrer dans leur processus créatif » constate le directeur artistique. Et Mouna Mekouar, auteur indépendante, précise, lors d’un entretien avec Art Press : « Les artistes qui s’emparent dans leur travail de la complexité du médium témoignent de la manière dont ils explorent le réel et l’imaginaire, l’invention et la restitution, le documentaire et la fiction ; toutes ces notions qui, au gré de leurs travaux, se recoupent ou s’opposent sans parvenir à définir le statut de la photographie. »

Côté vintage, la galerie Bruce Silverstein présente des œuvres de Man Ray dont L’étoile de mer datant de 1928, Masque peint de 1941 et le célèbre Portemanteau de 1920 ; Henri Cartier Bresson avec Dimanche sur les bords de la Marne trace les moments d’insouciance des premiers congés payés, en 1936 ; la Galerie Françoise Paviot présente entre autre une reproduction par déguerréotypie de 1850 de Charles Negre : L’inauguration, asile impérial de Vincennes et des clichés-verre, tirages anciens sur papier albuminé de Camille Corot datant des années 1850. Les archives de Hank O’Neal témoignent de la vie rurale aux Etats-Unis entre 1935 et 1944 avec les photos de Walker Evans, Dorothea Lange, Russell Lee, John Vachon et d’autres, prises pour la Farm Security Administration, organisme d’Etat créé au plus fort de la Dépression. Movement study de Rudolf Koppitz, sorte d’image biblique présentée par la galerie Johannes Faber de Vienne, date de 1925. La Galerie Bene Taschen propose des vintages cibachromes d’Arlette Gottfried dont Summer afternoon, de 1985.

Côté solo-show, Gilles Caron qui a couvert différentes manifestations en 1968, comme le Printemps de Prague, fait parler l’Histoire, avec des clichés de sa série Chorégraphie de la révolte. Door opening de Ferenc Ficzek, une série de douze photos en noir et blanc de 1975, à la lumière très travaillée, est présentée par la galerie ACB. Alex Webb montre sa vision du Mexique avec Tehuantepec/Mexico, 1985, de la Robert Klein Gallery : une architecture rose et des enfants au ballon et tee-shirt bleus. Issey Miyake, de William Klein, 1987, est présenté par Le Réverbère de Lyon qui expose aussi des photos de Denis Roche et Bernard Plossu. Alfred Seiland, australien, est porté par la galerie Johannes Faber de Vienne, avec Ulf Merbold, Titusville Floride, 1997. La Yossi Milo Gallery montre douze photographies en noir et blanc de Mark Ruwedel, Furnaces, prises entre 1996 et 2008, sortes de phares ou de cheminées faussement identiques version nouvelle objectivité. Jalal Sepehr avec Red Zone est présenté par la Silk Road Gallery qui promeut également Ebrahim Noroozi et sa série Lake undecided, 2014, une barque fantôme dans un paysage lunaire, méditation en couleurs sur fond de nuages et reflets, avec un personnage, petit point rouge à la pagaie en équilibre, géométrique, simple et intense. La Silk Road Gallery présente aussi l’univers onirique de Babak Kazemi avec une série mélangeant noir et blanc, et couleur, Exit of shirin & Farhad, 2012. Mutations/Düsseldorf, Primary Demonstration de Klaus Rinke montre le corps en action. La Gallery Taik Persons propose le travail d’Anna Reivilä, d’Helsinki From the series Bond réalisé en 2016/2017 : pierres et branches ligotées et abandonnées dans la nature, dans l’eau ou la neige et celui de Riitta Päiväläinen qui joue de reflets et de compositions dans la nature avec From the series River Notes ; Massimo Vitaly sorte de regard à la Martin Parr D0017 Carcavelos Pier, Portugal 2016 fait partie de la Benrubi Gallery. Payram, Iranien exilé, montre, avec Syrie 55, 2002/2010 de la Galerie Maubert, des paysages et des bâtiments, entre lumière crue et noir profond. Mo Yi avec Notice fait un journal-montage de cinquante-deux photos sur les politiques en action avec saluts militaires et foules rassemblées, et avec la présence de Mao Tsé Toung. D’autres leaders politiques sont à l’affiche comme Fidel Castro et Che Guevara, avec des photographies non signées. Guy Tillim joue des couleurs : rose, vert, jaune, rouge, bleu, blanc, en montrant la ville africaine, la rue et ses habitants. Andrès Serrano avec Untitled V (Torture) réalisé en 2015 est présenté par la Galerie Nathalia Obadia ; Ernest Pignon-Ernest Pasolini assassiné Si je reviens Roma 3, 2015, est promu par la Galerie Lelong and Co. La Galerie Paris-Beijing présente Time immemorial de Yang Yongliang, un vaste paysage nocturne et les lumières de la ville, Sohei Nishino, un diorama Map Berlin, 2012 avec Michaël Hoppen Gallery. La mutinerie de Freeman Field, d’Omar Victor Diop, 1945, en 2017, est portée par la Galerie Magnin.

Dans la diversification des propositions, quatorze projets mis en exergue dans le secteur Prismes, créé en 2015, sont présentés dans le Salon d’Honneur  du Grand-Palais : des performances, des séries avec entre autre les créations inédites de Jungjin Leea, Unnamed road et Tim Rautert, Deutsche in uniform série de vingt-huit images, des installations comme Stop the bomb de Henry Chalfant ou Finding bones de Grey Crawford, une sélection de photographies de la collection Helga de Alvear, galeriste et collectionneuse d’Estrémadure dont le commissariat est assuré par Marta Gili, directrice du Jeu de Paume, sous le titre Les Larmes des choses.

Pour la première fois, une section film/vidéo est proposée, en partenariat avec le réseau MK2, Marin Karmitz étant un fin collectionneur de photographies et le producteur distributeur qu’on connaît. Trois séances quotidiennes et des films d’artistes présentés par les galeries de Paris Photo comme Vers la lumière de Naomi Kawase et Vingt-quatre frames d’Abbas Kiarostami, mais aussi Comédie, de et avec Samuel Beckett, film tourné par Karmitz. Par ailleurs une Carte blanche Etudiants est donnée à quatre jeunes d’écoles européennes, sélectionnés par jury pour présenter leur travail à Paris Photo, et Gare du Nord et une Plateforme conversation offre chaque jour des rencontres-dialogues animées par des personnalités autour de trois axes : La question de la couleur, ce qu’elle représente d’un point de vue esthétique, social et technique pour la photographie – La photographie trompe et montre qu’elle trompe – De l’enregistrement du réel, des pionniers à la méta-réalité, de l’univers numérique.

Karl Lagersfeld, directeur artistique des maisons Chanel, Fendi et Karl Lagerfeld, directeur de publication et éditeur, parrain de la manifestation, partage ses coups de cœur, sa signature en atteste. Et le public, autour de 60 000 visiteurs professionnels ou amateurs, butine, dans une ambiance de découverte, pour achat ou pour le plaisir, ou les deux.

Brigitte Rémer, le 29 novembre 2017

Du 9 au 12 novembre 2017 – Paris Photo – Grand Palais, avenue Winston Churchill. 75008. Métro : Alma Marceau – Site : www.parisphoto.com